Jusqu’au 8 février 2015
une centaine de sculptures
Elève et maîtresse de Rodin, Camille Claudel, soeur de l’écrivain Paul Claudel, a été une femme sculpteur reconnue par ses pairs avant d’être internée pendant trente ans, jusqu’à sa mort.
"Elle a été retirée de l’Histoire pendant très longtemps", raconte à l’AFP Bruno Gaudichon, l’un des commissaires de l’exposition. Le succès du roman "Une femme", d’Anne Delbée, paru en 1981, a sorti Camille Claudel de l’oubli. "Elle est alors devenue le porte-étendard d’une cause féministe et artistique", assure Anne Rivière, l’autre commissaire de l’exposition.
Camille Claudel et Rodin une relation amoureuse et artistique intense :
Camille Claudel est née en 1864 à Fère-en-Tardenois (Aisne). "Elle commence à modeler très, très jeune et impressionne par son talent précoce son père, receveur des hypothèques à Nogent-sur-Seine (Aube)", explique Bruno Gaudichon. Pour soutenir sa vocation, sa famille déménage à Paris. Elle a 18 ans, Auguste Rodin, 44, lorsqu’ils deviennent amants. Deux ans plus tard, en 1884, elle entre dans son atelier. "C’était une véritable ruche dans laquelle beaucoup de sculpteurs travaillent pour le maître, Rodin demande à Camille Claudel de réaliser des pieds et des mains", continue Bruno Gaudichon. S’en suit une "période de félicité, une émulation à quatre mains". "Ils ont recours aux mêmes modèles, chacun fait ses oeuvres", poursuit-il. "C’était une relation d’amour intense, et très complice, ils étaient très proches intellectuellement, Rodin a toujours vu en elle un alter ego", explique Anne Rivière.
Internée par sa famille dans un asile du sud de la France – là où elle ne sculptera plus :
La jeune femme puise son inspiration dans son entourage et dans sa vie intime : une servante de sa famille devient "La Vieille Hélène". Egalement exposé à Roubaix, le groupe de trois "L’Age mûr" figure ainsi Rodin, emmené par sa vieille maîtresse Rose Beuret délaissant Camille Claudel, implorante.
Au début des années 1890, les deux amants séjournent à plusieurs reprises en Touraine, au château de l’Islette où Camille Claudel tombe sous le charme de la petite-fille de leur hôtesse, Jeanne, 6 ans, qui deviendra "La petite Châtelaine", l’une des oeuvres majeures.Mais sa relation avec Auguste Rodin devient de plus en plus compliquée. "Cela devient difficile pour elle d’être à chaque salon présentée comme Mlle Claudel, élève de Rodin", dit Bruno Gaudichon.
Et elle accepte mal de rester la maîtresse officielle du grand homme qui a pourtant promis de l’épouser. Elle le quitte définitivement en 1898 pour s’installer dans son propre atelier. Et sombre peu à peu dans la maladie, atteinte de psychose paranoïaque. "A partir de 1900, elle n’est plus capable de créer de nouvelles oeuvres et retravaille des oeuvres anciennes", selon Bruno Gaudichon. "Elle vit dans la saleté, se barricade chez elle, les volets cloués", relate Anne Rivière. Elle entend des voix, est persuadée qu’on lui vole ses sculptures. Camille Claudel sera internée en 1913, à la demande de sa mère, à Ville-Evrard (Val-de-Marne) puis à Montfavet (Vaucluse) où elle mourra en 1943.
Une exposition unique à Roubaix :
L’exposition de La Piscine offre une chance unique de découvrir l’ensemble de l’oeuvre de Camille Claudel, assure Bruno Gaudichon. Le Musée Rodin à Paris, en travaux, et le nouveau musée de Nogent-sur-Seine (Aube), à l’ouverture différée, ont confié de nombreuses oeuvres au musée roubaisien. "On les imagine mal prêter par la suite leur collection pendant trois mois", souligne-t-il.